Matteo Ricci, le Sage venu de l'Occident by Vincent Cronin

Matteo Ricci, le Sage venu de l'Occident by Vincent Cronin

Auteur:Vincent Cronin [Cronin, Vincent]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Telle la cigogne, tantôt tu fuis vers les brumes du Nord

Et tantôt tu diriges ta courses vers les régions du Sud.

Au mât de chacune de nos pagodes flotte ton nom

Et chaque mont redit ta chevauchée sur l’océan déchaîné.

Tournant la tête, tu vois derrière toi dix fois dix mille li

Levant les yeux, tu contemples le ciel empyrée.

Tu t’émerveilles de la splendeur de cette contrée en son midi

Alors que le soleil l’embrase de tous ses feux.

Ricci avait déjà offert et reçu un grand nombre de ces éventails, mais aucun poème ne pouvait se comparer à celui-ci, remarquable par son sens de l’espace et le subtil portrait de Ricci qu’il traçait, astronome et homme de Dieu.

Au profond soulagement de Ricci, Cattaneo et le Frère Sébastien débarquèrent de Lintsing au début de mai. Il vivait seul depuis cinq mois, non dans la paix relative de Shiuchow, passant ses jours et une partie de ses nuits avec les hommes les plus intelligents de Chine, puissants mandarins, bouddhistes influents, réfutant sans répit des flots d’arguments sur des questions de science, de religion ou de magie, mettant en péril, sans résultat appréciable, sa propre intégrité. Il pouvait enfin s’entretenir avec quelqu’un qui parlait la même langue que lui, partageait ses idées et sa foi, se retirer de ces cénacles où ses croyances religieuses étaient considérées comme d’étranges erreurs ; retrouver aide et réconfort. Il voyait également en Cattaneo le plus sûr rempart contre cet orgueil insidieux qui se glissait dans les plis de sa robe pourpre de lettré, tout comme le désespoir restait pour lui associé à la bure couleur de cendres des bonzes. Les plus grands mandarins le tenaient pour un des sages de la Chine, un prodige d’érudition et répétaient gravement ses obiter dicta. Il avait beau sourire, s’abîmer en prières, il ne pouvait toujours repousser certaines pensées. Il savait cependant que tout reposait sur des vertus opposées, le salut de la Chine aussi bien que le sien ; que lorsque son enseignement aurait perdu l’attrait de la nouveauté, que ses astrolabes et ses quadrants n’éveilleraient plus la curiosité, cela seulement ferait pencher la balance. Il était bon que Cattaneo sût qu’il tenait ses connaissances en mathématiques de l’éminent Clavius, tellement supérieur à lui. Il était bon aussi que lui exposant cette controverse désormais fameuse, il s’entendît répondre qu’il n’avait pas employé avec Houang les arguments qu’il fallait.

Il lui était possible, maintenant, de choisir une résidence, mais bien qu’en ayant visité un grand nombre, Ricci n’en trouvait point qui lui convînt. Il reçut au mois de mai la visite d’un haut dignitaire du ministère des Travaux publics qui avait pris part à certaines de ses discussions religieuses.

– J’ai appris, lui dit-il, que vous cherchiez une maison. J’ai fait construire, il y a deux ans, pour les fonctionnaires de mon ministère une vaste demeure de vingt pièces. Mais à peine était-elle terminée que spectres et esprits y firent leur apparition. Plusieurs lettrés qui essayèrent de s’y installer en faillirent mourir de peur. Tous refusant d’y vivre,



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